''Nécessité d’un changement. Nous voulons un changement. Nous voulons un changement réel, un changement de structures. Ce système est insupportable Nous ne le supportons plus, les paysans ne le supportent plus, ni les communautés, Ni les peuples, ni la Mère Terre". (Pape François)
Nous, déléguées et délégués des mouvements de base et originaires du Salvador, du Guatemala, de Cuba, du Mexique, du Nicaragua, de Martinique, du Brésil, du Québec, du Canada et de la République Dominicaine, participants au séminaire régional du MMTC, saluons fraternellement et solidairement toutes les travailleuses et travailleurs qui cherchent comme nous la construction d’une société juste, fraternelle et durable.
Dans nos partages, nous avons vu plus proches les diverses réalités de nos peuples et aussi réalisé les violations constantes aux droits économiques, sociaux et culturels. Différents Etats ont signé des conventions, des résolutions dans lesquelles ils s’engagent à garantir des droits dans leur pays mais malheureusement ces droits semblent être lettre morte. Nous avons aussi pu constater que des Etats avec leur pouvoir exécutif, législatif et juridique –avec une pratique corrompue d’une maniérée permanente– sont les acteurs matériels et intellectuels de ces violations continuelles des droits de la population et surtout la plus vulnérable. Ces violations se traduisent, entre autres, par l’absence totale ou partielle de travail, des salaires de misère, un système précaire de santé. Les politiques menées provoquent l’augmentation du flux migratoire et aggrave la pauvreté et la vulnérabilité de ces hommes, femmes, petites filles et enfants, condamnés à vivre dans des conditions inhumaines. Elles provoquent également de la violence familiale, en augmentation constante, conséquence de la forte consommation d’alcool et de drogues.
Ces réflexions nous obligent à voir, à comprendre et à jouer un rôle de manière solidaire, comme militantes et militants du MMTC, à la lumière de l’évangile, de l’enseignement social de l’église, des réflexions et des orientations du pape François qui nous alimentent et illuminent notre recherche dans la construction d’une société centrée sur les personnes et le soin de notre mère-terre.
A) Nous avons visité la montagne Loma Miranda et nous avons compris l’importance et la vitalité de l’eau pour les habitants de la région située entre les provinces de la Vega et de Mgr Nouel. Nous attirons l’attention sur le droit à l’eau reconnu dans les articles 11 et 12 du Pacte International des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies. Nous nous unissons aux habitants regroupés dans le comité des communautés unies pour l’eau et la vie, pour exiger que l’Etat dominicain ratifie la décision de la Cour pour que Loma Miranda soit reconnu comme parc national afin de garantir tous les mécanismes juridiques permettant la conversion de ce lieu merveilleux et unique.
B) Nous insistons sur la nécessite de continuer dans la défense du territoire et dans la lutte contre la construction d’une mine à ciel ouvert par les compagnies minières canadiennes Faconde ou Fan-Cambridge puisque ces pratiques transgressent la vie et l’environnement d’un lieu dont la propriété est l’état dominicain.
C) Nous sommes indignés, attristés par les violations continuelles, la non reconnaissance et, la discrimination que continuent à subir les migrants haïtiens, hommes et femmes avec ou sans papiers. Et ce, alors que leur force de travail est indispensable à l’agriculture et á d’autres secteurs de l’économie dominicaine. Nous exigeons aussi du gouvernement dominicain qu’il prenne toutes les mesures pour garantir les droits des travailleurs, sur la base des conventions internationales et dans le respect de la dignité humaine.
D) De la même manière, dans un esprit solidaire, nous saluons la libération des responsables syndicaux guatémaltèques, séquestrés injustement lors d’une lutte contre l’installation Santa Cruz Hydroclub à Huchuetenango. Nous exigeons aussi la libération d’autres leaders qui continuent à être emprisonnés dans la ville de San Pablo (département de San Marcos), pour s’être opposés à l’installation d’une entreprise hydroélectrique, à capital espagnol.
E) Au Mexique, dans province de Ayotzinapa, nous appuyons les revendications des éducateurs qui s’opposent à la réforme de l’éducation publique, qui cherche à imposer un modèle basé sur les valeurs néo-libérales et à enlever aux travailleurs toute vision humaniste.
F) "Nous nous unissons au cri du peuple en faveur de la canonisation de Mgr. Arnulfo Romero, qui a trouvé la force et la détermination de proclamer la Bonne Nouvelle d'un monde différent et l'espoir du Christ vivant qui marche à notre côté". Militants MMTC dans le séminaire régional. Nations, dans leur pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, sont les auteurs de ces violations des droits de la population Réunions INFOR / Février 2017 11
G) Nous exprimons notre solidarité avec tous les hommes et les femmes tombés dans la lutte, martyrs qui ont défendu les peuples et leurs territoires, comme c'est le cas de Berta Cáceres Flórez, une écologiste reconnue, qui a défendu la communauté Lenca sur les rives du Rio Gualcarque au Pérou. Elle fut assassinée chez elle au mois de mars dernier car elle s'était opposée à la construction du barrage de Agua Zarca. C'est le cas aussi de Lesbia Urquia Urquia, assassinée en juin pour avoir défendu les droits territoriaux face à l'exploitation des entreprises étrangères.
H) Nous encourageons les membres de nos différentes équipes du MMTC à continuer cette tâche commune qui consiste à rassembler les jeunes autour de cette lutte. Ils sont l'avenir de nos mouvements et malgré l'appel constant de la société au consumérisme dont ils sont l'objet, ils commencent à marcher avec nous afin de transformer la société et de montrer ainsi au monde que la jeunesse peut rendre la société plus juste, plus fraternelle et plus durable... Comme militants et militantes chrétiennes des mouvements de notre région, nous élevons nos voix prophétiques pour dénoncer l’injustice et annoncer la bonne nouvelle d’une autre société, rendue possible, par la réalisation d’actions concrètes de solidarité et d’humanité. Que nos voix unies soient entendues par les autorités civiles et religieuses pour le respect de la loi, de l’harmonie avec La Terre Mère et pour la vie des femmes et des hommes.
Santiago de los Caballeros, République Dominicaine 30 juillet 2016