C’est sous ce thème que s’est tenue à Nantes (France), du 12 au 21 octobre 2009, la rencontre internationale organisée par le Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens. Dix jours d’échanges et de débats intenses, vécus dans une vraie fraternité «sans frontières» pour les 150 délégués présents représentant 44 mouvements nationaux issus de 4 continents (Europe, Amériques, Afrique et Asie).
A partir d’exposés sur la réalité mondiale des migrations, de témoignages, d’approfondissement théologique, de rencontres avec des acteurs de terrain en France, les délégués ont confronté leur propre vécu, découvert d’autres réalités et tenté de dégager des pistes d’action. Les migrations : nouveau phénomène qui touche essentiellement les pays du Nord ? En fait, les flux migratoires sont une constante de l’histoire de l’humanité. Il est difficile, voire impossible d’empêcher la mobilité des êtres humains.
Poussés à l’exil pour des raisons économiques ou politiques, ces hommes et ces femmes qualifiés ne peuvent participer au développement de leur propre pays qui se prive ainsi de compétences précieuses. Les migrations ne sont donc pas massives (comme certains gouvernements voudraient le faire croire), ni majoritairement clandestines, ni misérables.
Les migrants : un support essentiel à l’économie des pays d’origine
On estime le montant des transferts financiers des migrants dans le monde à environ 300 milliards de dollars, soit trois fois plus que le montant des aides publiques allouées au développement (environ 104 milliards de dollars). Leur apport dans les économies des pays d’origine est donc essentiel. Les migrants participent aussi souvent au financement de projets communautaires pour pallier l’absence ou la carence des Etats (santé, école, petite agriculture etc.).
Les migrations : un phénomène accentué par la globalisation de l’économie
La crise économique mondiale a montré qu’une économie de marché dite « libre » sans règles et sans limites ne peut créer un monde plus équitable et plus juste. Au travers du vécu de leurs membres, les représentants des mouvements du MMTC ont démontré que les travailleuses et les travailleurs ont été les premières victimes de cette crise, particulièrement dans le sud. L’absence de démocratie, la corruption, le manque d’avenir pour les jeunes, la misère, la faim, notamment dans le monde paysan entraîne une hausse des migrations internes (campagnes vers les villes) ou externe (vers les pays limitrophes ou bien au-delà). Les défis à relever pour un monde plus juste et plus solidaire
La globalisation économique oblige à repenser les phénomènes migratoires. Il faut sortir de la vision de la migration comme un danger permanent, sortir de la peur, souvent alimenté par certains politiques, qu’elle suscite. Les politiques sécuritaires et de répression, mises en place par les pays du Nord, montrent leurs limites et à terme, sont vouées à l’échec. Il est aussi important de dénoncer l’hypocrisie qui consiste à faire la chasse « aux clandestins » alors qu’un grand nombre d’entre eux ont un emploi régulier et qu’ils participent activement à l’économie du pays d’accueil.
On ne peut accepter que la régulation des flux migratoires se fasse en fonction des seuls besoins des économies des pays du Nord, au gré du marché et contre l’unité des familles. Il n’est de solution durable que par des accords équitables négociés entre pays d’origine et d’accueil dans une visée de développement solidaire. Vers une gouvernance mondiale Même si cela semble encore difficile et lointain, la mise en place d’une gouvernance mondiale des migrations est indispensable. La crise économique, conséquence de l’échec des politiques néolibérales oblige à sortir du système contraignant d’interdépendance entre États, pour ouvrir un partenariat entre les acteurs directs. Une des pistes pourrait être la création d’un droit de citoyenneté qui ne soit pas lié à la nationalité. Il est nécessaire en effet de sortir de la "différence de droits" dans laquelle on enferme les migrants, et leur donner un authentique "droit à la différence”. Toute cette réflexion est un appel à une conversion progressive en faisant tomber les frontières culturelles, les clichés ; en voyant dans l’étranger un frère en humanité, une chance et non une menace pour le meilleur développement des uns et des autres.
«Il n’y a pas d’étranger dans la maison de Dieu»
S’appuyant sur le message de l’Evangile, les délégués des mouvements ont réaffirmé que suivre l’appel de Jésus, c’est lutter pour faire advenir un monde plus juste et plus humain. Il n’y a pas d’étranger dans la maison de Dieu. Ils ont aussi réaffirmé que la solidarité « c’est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c’est à dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes responsables de tous. » (Sollicitudo Rei Socialis).
«Ouvrons l’avenir pour un monde solidaire !»
C’est le titre du nouveau plan d’action pour les 4 années à venir, adopté par les délégués à Nantes. Ils y réaffirment leur détermination à poursuivre le combat, dans tous les pays et au plan international, pour la création d’un nouvel ordre économique mondial basé sur la satisfaction des besoins de toutes de tous, en agissant notamment :
- Pour les droits des migrants à la santé, à l’éducation, à la protection sociale, au logement, à la citoyenneté, au travail avec un statut identique à celui des travailleurs du pays d’accueil. - Pour une vraie culture de la paix en luttant, en particulier contre la corruption dans tous les pays. - En faveur de la défense des doits des travailleurs et en particulier pour un travail décent qui respecte la dignité des femmes et hommes et leur permette de vivre décemment. - En faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes dans la vie civile, politique, sociale et économique, - Pour un développement solidaire entre le Nord et le Sud qui respecte les peuples et les cultures