Voici plus de cinquante ans naissait à Rome, en mai 1966, le Mouvement mondial des travailleurs chrétiens (MMTC). Cette naissance ne s’est pas faite par un coup de baguette magique. Il aura fallu plus de dix ans de rencontres, de discussions, de débats parfois vifs, de consultations, de remise(s) en question. Il aura fallu du temps pour apprendre à se connaître, dépasser les a priori, découvrir l’histoire et les cultures des autres pays, adopter un langage commun, comprendre que la diversité est une richesse et non un obstacle.
Animés par la même foi au Christ ressuscité et par le même esprit de justice pour la libération des plus pauvres, ceux et celles qui nous ont précédés ont su créer les conditions du dialogue et du travail commun pour aboutir à faire naître ce mouvement international si précieux pour nous tous et toutes.
Ce document n’est pas une étude historique complète. Simplement, nous avons tenté de relever quelques points d’histoire(s) pour enraciner le présent et mettre en valeur les débats, les dépassements, les efforts de compréhension qu’il a fallu faire pour créer le mouvement international. archives et des témoignages de celles et ceux qui ont construit le mouvement mondial et de mouvements nationaux. Les documents consultés donnent à comprendre tout le chemin parcouru depuis soixante ans. En effet, les dix années qui ont précédé la naissance officielle ne sont pas uneparenthèse loin de là.
Une conviction apparaît au fil de la consultation des comptes rendus, articles, etc. : la création du MMTC était nécessaire pour le monde ouvrier, pour la vie de l’Église, pour une société en plein bouillonnement. En ce sens-là, on peut dire que le MMTC a eu une vision utile à la société de l’époque. Le but de ce document est donc de s’enraciner dans ce passé pour mieux aller de l’avant, dépasser les obstacles comme l’ont fait nos prédécesseurs pour construire le MMTC du XXIe siècle.
Le monde a changé. Le libéralisme économique étend son emprise sur l’ensemble du globe. Ses ravages mettent en péril des populations entières en raison notamment de l’injuste répartition des fruits du travail, du réchauffement climatique et du pillage des ressources naturelles.
Face à ces défis, face à la menace qui pèse sur la planète elle-même, il est plus que jamais nécessaire que les peuples et les cultures dialoguent et agissent ensemble. Le MMTC a toute sa place pour agir avec d’autres pour l’émancipation des classes populaires et travailleuses.
La tâche n’est pas aisée. L’Église qui a beaucoup soutenu la création du mouvement mondial et les mouvements nationaux, portée par l’esprit de Vatican II, s’est repliée sur elle-même. Dans nombre de pays, le clergé ne soutient plus ou peu les mouvements de travailleurs qui ne doivent compter que sur leurs propres forces. Et pourtant, ici et là, des populations se mobilisent, luttent pour de meilleures conditions de vie et de travail, pour le droit au logement, à l’éducation, à la culture, pour l’émancipation des femmes et des minorités, etc.
Le MMTC et ses mouvements se trouvent au coeur de ces luttes pour la paix, la justice, la fraternité. Ils témoignent de l’amour du Christ pour les hommes et les femmes de ce monde, notamment les plus démunis. Le monde change, le MMTC évolue dans son fonctionnement. Il nous appartient donc, collectivement, mouvements du Sud et mouvements du Nord, de construire et de faire prospérer le MMTC du XXIe siècle, en s’appuyant sur les intuitions fondamentales portées par celles et ceux qui nous ont précédés.
Le Bureau du MMTC