Déclaration à l’occasion de la 99ème Journée Mondiale du migrant et du réfugié, le 16 janvier 2013
A partir des priorités définies par la dernière Assemblée Générale du MMTC, cette année nous voulons faire une brève réflexion sur la situation concrète que vivent les migrants aujourd’hui en Espagne, un pays où les statistiques officielles indiquent que 25% de la population active est sans travail. Ce taux atteint 52% chez les jeunes. Cette situation a provoqué le départ d’Espagne de 100.000 personnes issues de l’émigration cette année. Par ailleurs, environ 10.000 jeunes du pays partent vers le Centre de l’Europe, l’Amérique Latine etc.
Cette situation critique est en train de se généraliser. De nouveaux drames sociaux atteignent les migrants et viennent s’ajouter à ceux qu’ils vivent habituellement: expulsions du logement par manque de remboursement des hypothèques, perte des droits sociaux, appauvrissement généralisé. Cette situation provoque de nouveaux déplacements migratoires.
Dans de nombreux cas, des familles entières repartent vers leur pays d’origine (notamment les personnes d’origine latino-américaine). A la souffrance vécue par les adultes face à l’échec de leur projet de vie, s’ajoute celle des enfants qui refusent de quitter un pays où ils sont nés et où ils ont grandi.
D’autres catégories de migrants (notamment ceux issus des pays de l’Europe de l’Est) se déplacent vers d’autres pays européens (Belgique, Suisse, France, Allemagne etc.) à la recherche d’un emploi. Ces déplacements sont facilités par les lois européennes sur la libre circulation des travailleurs dans l’Union. Il ya aussi des mouvements migratoires internes dans le pays. Mais, ces déplacements peuvent provoquer des tensions dans certains pays où le taux de chômage est important et où les migrants apparaissent comme des concurrents pour les travailleurs locaux.Mais, un grand nombre de migrants en Espagne ne veulent pas rentrer dans leurs pays d’origine, notamment ceux issus de l’Afrique : Tchad, Cameroun, Nigéria, Sénégal. Ils savent qu’ils n’ont plus d’avenir en Espagne. Sans travail, beaucoup ont arrêté d’envoyer de l’argent à leurs familles. Ils vivent dans des conditions très difficiles mais ne disent pas la vérité à leurs familles. Alors de ces pays, de nouveaux migrants arrivent, ne connaissant pas la situation ou étant dans une situation tellement désespéré que l’Europe, malgré ses difficultés économiques apparaît toujours comme un havre de prospérité.
Le MMTC se situe à côté des migrants par ce que se déplacer librement est un droit humain. Nous croyons que chacun doit pouvoir vivre avec dignité sans tenir compte de ses origines, de la couleur de sa peau, de sa culture, langue ou religion. Comme mouvement de travailleurs chrétiens, le MMTC s’inspire pour son action de la parole de Dieu (*) et de la pensée sociale de l’Église (**)
(*) Jésus s’identifie au migrant et à tous ceux qui sont privés des biens et droits nécessaires pour vivre comme des êtres humains: «J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, J’ai eu soif et vous m’avez donnez à boire, j’étais étranger et vous m’avez accueilli…. » Ce texte, pose une exigeante éthique universelle pour croyants et non croyants: traiter comme semblables à nous les nécessiteux, chercher le grand horizon de la fraternité, et pas seulement comme une question de vertu, mais comme une exigence fondamentale de justice.
(**) De l’encyclique «Sollicitudo rei socialis» de Jean Paul II en 1987: «La solidarité nous aide à voir l'«autre» - personne, peuple ou nation - non comme un instrument quelconque dont on exploite à peu de frais la capacité de travail et la résistance physique pour l'abandonner quand il ne sert plus, mais comme notre «semblable», une «aide» que l'on doit faire participer, à parité avec nous, au banquet de la vie auquel tous les hommes sont également invités par Dieu.»
Le secrétariat du MMTC avec l’ACO Espagne
Paris le 21 décembre 2012