À toutes les communautés membres du MMTC,
Frère François,
Tu entres chez Dieu comme tu entres chez toi : en pèlerin dépouillé des ors du pouvoir. Ton choix de vivre à la Maison Sainte-Marthe plutôt que dans les palais vaticans restera un défi prophétique contre les cléricalismes qui affligent tant l'Église que nos sociétés. Aujourd'hui, tandis que nous accueillons ta disparition avec la douleur de ceux qui perdent un père, nous t'honorons en assumant tant tes lumières que tes ombres - car c'est ainsi qu'on aime vraiment.
Ce que tu nous as donné
Un souffle pour les périphéries : Ton obsession pour les "pauvres, appauvris et exclus" (sans Terre, Toit ni Travail) a réveillé nos mouvements. Tes paroles sur les migrants - ces "déracinés de guerre et de misère" - résonnent dans nos luttes pour des frontières humaines.
L'écologie intégrale : Ton appel à "convertir nos styles de vie" a uni croyants et non-croyants contre le système prédateur. La Lettre Laudato Si' demeure notre boussole.
Une Église synodale : Ta critique du modèle "monarchique et pyramidal" a ouvert des brèches où s'engouffrent aujourd'hui les femmes et jeunes que tu n'as pas su pleinement accueillir.
Ce qui nous interroge
"Un saint triste est un triste saint", disais-tu. Permets-nous donc cette tristesse lucide :
Les silences sur les femmes : Si ta colère contre "l'économie qui tue" était claire, nous, femmes chrétiennes, regrettons que la défense de notre autonomie corporelle (IVG, diaconat) n'ait pas trouvé la même radicalité.
Les enfants oubliés : Ton combat pour "les petits" aurait gagné en crédibilité avec une action plus ferme contre les abus dans l'Église.
Ce que nous ferons de ton héritage
Pour que ta semence fleurisse, nous :
Célébrerons des veillées où tes textes sur les pauvres dialogueront avec des témoignages de femmes syndicalistes (en laissant une chaise vide pour les absentes).
Publierons des archives croisées : tes discours et les statistiques sur le travail invisible féminin (68% des domestiques sans protection sociale).
Agirons en plantant des "Jardins François" - espaces communautaires nourriciers où l'on débattra aussi d'écologie féministe.
Frère François, tu as voulu une "Église accidentée". Nous, nous promettons de la continuer - avec tes audaces, malgré tes limites - pour qu'enfin "les périphéries deviennent centre".
Dans l'espérance active,
Le Bureau du MMTC
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Photo credits: Korea.net / Korean Culture and Information Service (Photographer name), CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=34828249
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MESSAGES DE CONDOLEANCE
C'est avec une profonde tristesse que nous, membres du Mouvements Mondial des Travailleurs Chrétiens, avons appris le décès de Sa Sainteté le pape François. Son humilité, sa compassion et son engagement indéfectible envers les plus vulnérables ont marqué l'Église catholique, ainsi que le monde entier. Tout au long de son pontificat, il a incarné une vision d'Église synodale, où chaque voix, des plus humbles aux plus influentes, trouve une place et est écoutée. Son engagement en faveur d'une solidarité authentique avec le monde des travailleurs et des travailleuses a éclairé ceux qui luttent pour la dignité et la justice au quotidien. Le pape François nous a rappelé sans relâche que la justice sociale n'était pas un idéal lointain, mais une responsabilité partagée. Il a plaidé pour une économie au service de la vie, où les besoins humains priment sur les intérêts financiers, et où chaque individu est reconnu dans sa pleine dignité. En ces moments de deuil, nous nous unissons à la communauté catholique mondiale et à tous les hommes et femmes de bonne volonté dans la prière et le recueillement, afin de rendre hommage à un homme de foi qui a incarné les valeurs de paix, de justice et d'amour universel. En tant que mouvements des travailleuses et des travailleurs, nous nous engageons à perpétuer son héritage en répondant à son appel à bâtir un monde plus juste, plus fraternel et plus solidaire. Puissent son exemple et ses enseignements continuer d'inspirer nos actions et nos prières. Que son âme repose en paix dans la lumière éternelle. Avec nos sincères condoléances, Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens (MMTC) |
COMMUNIQUÉ DU MOUVEMENT DES TRAVAILLEURS CHRÉTIENS – MTC BRESIL SUR LE DÉCÈS DU PAPE FRANCOIS
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Déclaration du comité politique des Rencontres Mondiales des Mouvements Populaires sur la mort du Pape François C'est avec une profonde tristesse et une immense gratitude que les mouvements populaires du monde entier font leurs adieux à notre frère François, pape, pasteur et prophète, qui a marché avec les laissés-pour-compte de l'histoire et nous a enseigné qu'il ne suffit pas de survivre, mais qu'il faut vivre dans la dignité. Notre cher pape François n'était pas un allié lointain, il était un compagnon de route. Depuis la première réunion mondiale en 2014 jusqu'à son dernier message, il a su voir dans les travailleurs les plus humbles et les plus démunis, dans les sans-terre, les sans-abri et les sans-emploi, une force transformatrice, une espérance active, une graine de fraternité et d'amitié pour rendre possible un lieu bon et vivable. Il nous a donné une voix, nous a reconnus comme des « poètes sociaux » et nous a confié une tâche qu'il nous appartient maintenant, sans lui, d'honorer avec un engagement encore plus grand. Il nous a accompagnés et nous a appris que la terre, le logement et le travail sont des droits sacrés, et que lutter pour eux n'est pas du populisme ou de l'idéologie : c'est l'Évangile et c'est la justice sociale. Que la foi chrétienne - et toute conscience humaine - ne peut pas faire taire le cri des peuples qui souffrent, ni pactiser avec la culture du jetable. Son magistère était fait de tendresse et de courage, de dénonciation et de compassion, de politique et d'amour. Il nous a donné la confiance et aussi le mandat : « vous ne reculez pas, vous allez au front ». Il nous a mis en garde contre la logique de l'individualisme, de la corruption et de la guerre. Il a dénoncé le pouvoir qui s'agenouille devant l'argent et non devant la justice. Il nous a demandé de prendre soin de notre maison commune, de confronter les structures du péché au visage des personnes qui construisent le bien commun, de rêver ensemble et de ne laisser personne derrière. Aujourd'hui, François s'en va, mais il ne s'en va pas. Il reste dans nos luttes, dans nos assemblées, dans chaque emploi, dans chaque cantine communautaire, dans chaque potager populaire, dans chaque quartier, dans chaque résistance et dans chaque création de solidarité. Sa foi est devenue espérance concrète. Sa parole est devenue communauté. Son cœur, une maison pour toutes les personnes et tous les peuples. Au nom des exclus qui l'ont embrassé, au nom de ceux qui continuent à croire en la force de la tendresse, en la force du « nous », nous disons : Merci, François. Merci, mon frère. Que ta mémoire nous soutienne, que ton exemple nous guide et que ton héritage continue à s'incarner dans chaque lutte pour la dignité humaine partout dans le monde.
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Message de l'ACO France |